Votre texte sur M.O. Soumettez une idée ou texte original sans faire un sou. Plus.

Goyette mon frère

J’ai pas beaucoup d’amis. Des vrais amis je veux dire. Y’a bien le gars du dépanneur mais depuis un certain temps, on dirait qu’il m’ignore un peu. Si y’avait des raisons pour ça, on pourrait même dire que j’ai l’air de légèrement lui taper sur les nerfs. C’est peut-être ma façon de parler en m’appuyant sur son comptoir alors que les gens derrière veulent payer leurs chips ou acheter des gratteux qui le rend un peu nerveux. Ça a l’air ridicule comme ça , je sais, mais je cherche les raisons de cette nouvelle attitude face à moi.

C’est pas qu’il a déjà été jasant. Il est plutôt du genre « oreille attentive même si je regarde ailleurs » mais dernièrement, je l’ai vu à quelques reprises faire des yeux au ciel en souriant à des clients alors que j’étais au beau milieu d’une conversation passionnante. C’était comme un poignard qu’on enfonce dans ma poitrine, mais à chaque fois j’ai continué à parler comme si j’avais rien remarqué.

C’est triste parce qu’on se voit beaucoup plus depuis que je suis à la retraite. Je passe souvent de longues journées ou de longues soirées au dépanneur à lui jaser ça en mangeant des chips au vinaigre. Y’en a qui ont des chalets sur le bord d’un lac ou une maison secondaire dans les Laurentides, ben moi j’ai un dépanneur au coin de ma rue. C’est comme si j’étais chez moi avec ma petite famille.

J’ai pas beaucoup d’amis comme je disais. Mais j’aurai toujours mon bon vieux Goyette pour me sortir ou me mettre dans le trouble. On dira ce qu’on voudra, mais ce criss de gros sale là m’a jamais laissé tombé. En tout cas pas dernièrement, ça fait tellement longtemps qu’on s’est vu.

Commentaires

commentaire(s)

5 commentaires

Ajouter un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *