Le iPod nano

En allant au Pétro-Canada hier, j’ai trouvé un iPod nano par terre dans la neige.

Ma première idée, ça a été de le vendre sur ebay, mais tout ça est beaucoup trop compliqué pour quelqu’un en état d’ébriété. De plus, je suis quelqu’un de fondamentalement honnête, avec un profond sens des responsabilités et du devoir, et une éthique inébranlable.

En taponnant un peu dessus, j’ai trouvé un fichier texte avec le nom et l’adresse du propriétaire. Je me suis dit qu’il serait sûrement bien content de récupérer son iPod et ses chansons. C’était pas très loin de chez nous alors je suis allé voir.

Une belle maison de riche! 2 étages! Un grand terrain! Une piscine creusée en arrière!

Là je commençais à être excité. Un riche de même, ça allait sûrement me donner une belle récompense pour ma bonne action. Il allait ptêtre aussi me donner…. hem… comme l’équivalent des dommages exemplaires mais dans le bon sens: un montant démesuré pour prouver aux gens que c’est payant de poser la bonne action moralement; que des bons choix éthiques, ça rapporte. Entoucas tout ça faisait beaucoup de sens pour la personne que j’étais, le Goyette pas mal pompette avec son sac de Ringolos et sa boisson de malt à saveur de vodka, qui regardait avec espoir la grosse cabane. Je me sentais noble, digne et honorable.

Je suis allé sonner et j’ai entendu le magnifique carillon résonner à l’intérieur. Je préparais déjà mon speech.

« Bonjour mon très cher monsieur, votre humble concitoyen vient vous remettre un bien précieux qui vous appartient… »

J’ai entendu des pas à l’intérieur.

« Ça m’a causé plusieurs embûches mais mon obligation morale était de le remettre à son propriétaire… »

Tiens les rideaux qui bougent à l’étage.

« Non, non c’est trop, mon cher monsieur. Ma récompense je l’ai déjà eue et elle réside dans votre sourire et la satisfaction du devoir accompli. Enfin si vous insistez… »

Là c’était un peu long et je commençais à avoir peur d’oublier mon speech alors j’ai appuyé sur la sonnette à nouveau. Magnifique carillon je vous dis.

« Bonjour mon très cher monsieur, votre humble concitoyen vient vous remettre un bien précieux qui vous appartient… »

Une ombre. La belle poignée sertie avec garniture en laiton qui tourne. La porte s’entrouvre. Je perds pas de temps:

- Bonchour mon cher très… très chitoyen… »

J’ai même pas le temps de finir que, sans même qu’il ouvre complètement la porte qui est retenue par le loquet, j’entends le bonhomme gueuler:

- HEILLE TOUÉ MON GROS TABARNAK DÉCÂLISSE DE MON TERRAIN OU J’APPELLE LA POLICE.
- Han?
- J’TAI VU RÔDER TANTÔT AVEC TA BOUÉSSON PIS TES CHIPS. ON VEUT PAS D’MONDE COMME TOUÉ ICITE.
- Ch’tait des ringolos.
- DÉCÂLISSE!
- Ch’viens vous r’porter votre iPodde… vous vous z’appelez Maxime… ch’ai trouvé votre iPodde…

Au même moment y’a un ptit drogué habillé propre qui est arrivé derrière moi pour rentrer.

- C’est moué Maxime. Tu peux l’garder le iPod man, c’est full vieux c’modèle-là. J’ai un iPod touch 32 Gigs maintenant. Full poche le tien man.
- Han?

Son père lui a ouvert la porte rapidement et il est rentré sans rien dire de plus. La porte s’est refermée et je les ai entendu remettre le loquet.

- Heille ma récompenche echtie! Mes dommaches exchemplaires!

J’ai eu beau faire buzzer leur estie de carillon de fif en malade, ils ont pu jamais donné signe de vie. J’ai donné des coups de pied dans la porte pis je leur ai crié des noms jusqu’à ce que je voie le char de police tourner au coin de la rue.

Là je suis parti en vitesse mais j’ai quand même pris le temps de scratcher sa Volvo avec mes clés.

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