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Pool de hockey au travail: Delisle y pensera par deux fois

Chez Infographie Trottier, une petite boîte se spécialisant dans le design et l’impression de brochures et autres publications publicitaires, les jeunes infographistes ont depuis quelques années déjà une tradition bien implantée: celle du repêchage ou pool de hockey. Cette année est différente des autres par contre, car pour la première fois, Gilles Delisle, agent aux ventes, participe à l’activité.

« Quand j’ai dit aux autres qu’on pourrait ptêtre rentrer Delisle dans le pool cette année, les gars étaient pas trop chauds à l’idée », explique Jean-Samuel Richer, infographiste. « Delisle, il parle pas beaucoup, et la plupart du monde le trouve bizarre. Il porte ses pantalons trop hauts, et surtout il y a une genre d’odeur de cologne cheap qui flotte tout autour de son bureau. Ah et il arrête pas de soupirer aux trois minutes. Mais comme on a perdu un pooler – Chalifoux a changé de jobbe cet été – j’ai fini par convaincre les autres que Delisle pouvait prendre sa place; surtout que c’est pas comme si il avait une chance de gagner », confie Richer, 22 ans.

« Quand je lui ai offert, ses yeux se sont comme illuminés, pis il a fait un grand sourire et a tout de suite accepté. Il avait l’air confiant en tout cas », ajoute t-il en ricanant.

Delisle, pour sa part, a immédiatement cru en ses chances.

« Le dernier pool que j’ai fait, c’est en 1994 et j’avais fini premier, avec Sergei Fedorov pis Adam Oates. Quand les jeunes du bureau m’ont invité à leur 5 à 7 au bar Le Sportif pour aller faire leur pool, je me suis dit que j’allais leur montrer que c’est pas parce que j’ai 46 ans que je sais pas comment ça marche, le hockey. Mais j’étais pas préparé. J’ai juste imprimé les meilleurs compteurs de l’an passé. J’écoute pu ben ben ça le hockey. Y’a eu les enfants, et j’ai fini par pu avoir le temps » indique celui qui est agent de ventes depuis bientôt 20 ans.

Les jeunes du bureau ont eu beaucoup de plaisir.

Les jeunes du bureau ont eu beaucoup de plaisir.

« Ils m’ont dit qu’ils faisaient ça chaque année. Ils se mettent des gilets de hockey, vont au bar Le Sportif, se commandent des ailes et des pichets de bière, et répêchent leurs joueurs pour l’année. Comme j’ai pas de gilet de hockey, je suis arrêté au Zellers sur mon heure de dîner et j’ai acheté un chandail, pour faire partie de la gang », révèle celui que ses collègues appellent secrètement La Crevette.

La séance de repêchage s’est tenue comme prévu le soir même. « Il est arrivé avec un genre de gilet de pratique générique pas de logo. Ça ressemblait à un vieux chandail d’équipe pee-wee mais avec rien en avant ou dans le dos. En plus le gilet était tellement serré qu’on voyait ses totons au travers. Et il l’avait rentré dans ses culottes! On a ri en tabarnaque quand il est parti aux toilettes », résume Hugo Théberge, designer. « Quand il est revenu, il a commandé un spaghetti. Au Sportif! Quel zouf! » poursuit Théberge.

La Crevette, Delisle, a peu apprécié l'expérience.

La Crevette, Delisle, a peu apprécié l'expérience.

Delisle est cependant resté confiant. « J’étais pas mal sûr de moi parce que quand je leur parlais des joueurs de mon temps, ils les connaissaient même pas. Mikko Makela, Bernie Nicholls, Dean Evason. Niet. Je me suis dit que mon expérience allait m’avantager, mais j’aurais dû faire plus de recherche », avoue Delisle en essuyant une tache de sauce à la viande de son chandail.

« Il nous parlait de des vieux joueurs qui jouent pu depuis au moins 10 ans… on était comme là, ben oui, pffft, whatever, vieux singe », raconte Jean-Samuel. « En plus il fait tellement de bruit quand il mange », ajoute t-il.

Malgré son enthousiasme, Delisle a déchanté. « J’étais pas mal énarvé quand j’ai pris Markus Naslund, mais les gars se sont tous mis à rire après en me disant qu’il avait pris sa retraite cet été. Les criss de sales », peste La Crevette.

Le calvaire de Delisle ne s’est pas arrêté là, selon Hugo Théberge. « Le plus drôle c’est quand il était rendu aux défenseurs et qu’il a dit, avec un petit air fier, qu’il prenait Kaberle. On a ri parce que Tomas Kaberle était sorti deux rondes plus tôt. Il a pris un petit air offusqué et a dit qu’il le savait, et là il a regardé sur sa liste un bon 5 minutes pour finir par dire que c’était Frantisek Kaberle qu’il prenait. Là on a vraiment éclaté parce que Frantisek a décidé d’aller jouer en Russie cette année. Tout le monde sait ça », explique Hugo.

« Comme si je pouvais savoir calvaire. J’ai d’autres choses à faire que de regarder les sites de sports à longueur de journée pour savoir quel criss de défenseur va faire le plus de points cette année », fulmine Delisle. « De toute façon c’est un sport de cave, le hockey », dit-il en terminant.

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