La réponse du père Noël à Jonathan

La lettre de Jonathan au père Noël (ou de Timmy, dans sa version anglaise) a beaucoup circulé sur Internet au cours des dernières années. Mauvais Œil a finalement mis la main sur la réponse que le père Noël a fait parvenir à l’enfant.

Mon cher Jonathan,

HO HO HO! Merci de m’avoir écrit. Il me fait toujours chaud au cœur de recevoir des nouvelles des enfants des quatre coins du monde. C’est votre bonheur et votre bien-être qui donne un sens à ma vie, me donne un sentiment d’accomplissement, et remplit mon cœur de joie et d’agrément. D’ailleurs, mère Noël, mes rennes et les lutins, qui m’aident dans mes tâches quotidiennes et dans la préparation à la fête de Noël, partagent également ces bons sentiments.

La très grande majorité des lettres que je reçois sont remplies de mots d’amour et de remerciements, pour mon dévouement à apporter aux enfants de partout dans le monde des cadeaux de toutes sortes: consoles de jeux vidéos, poupées, autos téléguidées, mais aussi, parfois, de la nourriture et des biens essentiels à la survie de certains dans des régions défavorisées. HO! HO! HO!

J’essaie d’y aller avec les besoins, mais aussi au mérite de chacun. Comme je disais, j’ai une excellente moyenne et une très grande proportion des enfants est satisfaite de mes services. Services bénévoles, soit dit en passant, mon petit Jonathan.

De temps en temps, je reçois des lettres comme la tienne, provenant de gamins insatisfaits de ce qu’ils ont découvert sous le sapin la nuit de Noël. HO HO HO! Il semble que tu aies été déçu des cadeaux que tu as reçus cette année, et que tu aies décidé de m’envoyer une missive qui, comment dirais-je, s’attaque à mon intégrité et à mon professionalisme. J’essaie de prendre ces critiques avec un grain de sel, même si parfois cela m’irrite un peu, Jonathan.

Bon, irriter, le mot est un peu faible. Quand on pense que je fais tout ça gratis, que c’est somme toute une jobbe de fou de non seulement faire le magasinage pour presqu’un milliard de ti-culs, mais en plus de faire la livraison gratuite dans les pires trous à rat de la planète, laisse-moi te dire que ça peut, disons, mettre un peu en CALISS de recevoir une pluie d’insultes d’un ptit merdeux qui croit que tout lui est dû. Tu permets que je t’appelle ptit merdeux, Jonathan? HAN? HO HO HO!

Laisse moi t’expliquer un peu ma vie, mon ptit tabarnak d’enfant de chienne: toute l’année, je me fends le cul pour trouver vos jeux de marde, que je remise dans un gros entrepôt qui me coûte une fortune à chauffer. Parce que, je sais pas si t’es au courant, mais icite, au Pôle Nord, il fait frette TOUTE LA CRISS D’ANNÉE, pas juste 3-4 mois.

De plus, c’est une jobbe de gestion de malade; as-tu idée de ce que ça représente de rentrer des listes de cadeaux pleines de fautes, écrites par des millions de ptits illettrés dans Excel? Avec en plus la grosse mère Noël qui stresse pis me pète les oreilles avec ses « Tu vas oublier ci » pis « Tu vas oublier ça »? C’est carrément invivable. Une vie de MARDE, Jonathan, vraiment.

Mais c’est pas tout; le soir de Noël, je dois faire le tour du monde pour livrer toutes ces cochonneries-là, dans un vieux traîneau en bois; un traîneau en bois, calvaire! Je sais pas si tu comprends ça, avec ton intelligence limitée, mais un traîneau en bois tiré par une gang de rennes, ça peut pas contenir des cadeaux pour autant de monde. Oh que non. Faque des aller-retour, ça en fait en tabarnak, mon ptit Jonathan.

Et le pire, le pire, tu sais c’est quoi? Quand Rudolph ou un autre de ses amis a envie de faire un numéro 2, où tu penses que ça atterrit, quand on file à 100 milles à l’heure dans le ciel? Han, mon ptit Jonathan? C’est pas pour rien qu’il y a jamais d’enfants qui me voient la nuit de Noël; non seulement faut que j’me dépêche que l’criss, mais je suis pas exactement présentable avec de la marde de renne sur mon suit ou pognée dans ma barbe. Et renne, ça fait cute, mais laisse-toi pas berner, Jonathan; un renne, c’est un caribou. Et dans mon cas, ce sont des caribous adultes. Des gros criss de caribous. Bref, ce que je reçois en pleine face, c’est de la grosse marde sale de caribous adultes mâles, mon ptit Jonathan.

Inquiète-toi pas, j’essaierai pas de rentrer « mes grosses fesses » dans ta ptite cheminée de HLM à Noël l’an prochain, mon sacrament. Mais quand je descendrai du ciel, avec des jouets par milliers, inquiète-toi pas, j’oublierai pas de te calisser un coup de ptit soulier sur le bord de la yeule. Oh, et assure-toi de mettre des batteries dans ton détecteur de fumée, au cas où je crisse accidentellement le feu à votre sapin. HO HO HO!

Puisse la magie de Noël te faire disparaître, mon ptit saint-ciboire,

Père Noël

NDLR: La lettre de père Noël a été lue par Gilles Parent du FM 93 à Québec. L’audio est disponible sur Radio Égo.

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