Chez la massothérapeute

Je suis pas très en forme ces temps-ci. J’ai une sinusite et j’ai mal un peu partout depuis mes débarques en patin à roulettes. Hier j’ai décidé de me gâter et d’appeler pour prendre rendez-vous pour me faire masser le dos chez une massothérapeute à la clinique. Karina, qu’on m’a dit qu’elle s’appelait.

J’étais pas mal content quand je suis arrivé, parce que Karina c’était une masseuse pas mal cute. Elle a pas vraiment trouvé ça drôle quand je lui ai demandé, en lui faisant des clins d’œil, si elle offrait aussi des extras. Les gens ont pas beaucoup le sens de l’humour ces temps-ci avec la récession.

Entoucas avoir su qu’elle allait être cute de même, j’aurais mis des bobettes propres et je me serais rasé le dos. En plus j’avais ma sinusite et j’arrêtais pas de renifler parce que j’avais pas de mouchoir. Mais de toute façon les filles ça regarde plus l’intelligence et l’élégance.

Elle m’a demandé de m’installer sur le ventre et de mettre ma face dans le trou qu’il y a pour ça dans sa table de massage. Je me suis installé et ai commencé à relaxer. J’ai fermé les yeux plutôt que de contempler le plancher et je me suis laissé bercer par les délicieuses frictions exercées sur mon dos par Karina et le son de la musique relaxante de Yanni. Le temps a passé doucement, je me suis peut-être assoupi, tel un enfant fatigué, en m’imaginant des scénarios ou j’étais le prince charmant de Karina.

Quand j’ai ouvert les yeux quelques minutes plus tard, j’ai été horrifié de voir que ma sinusite m’avait joué un vilain tour. À cause de ma position, la gravité avait fait en sorte que le mucus épais et consistant qui remplissait mes sinus s’était écoulé et formait maintenant une coulisse jaune foncé substantielle de près de 2 pieds qui pendait au bout de mon nez et rejoignait presque le sol. Impossible d’utiliser mes mains pour faire quoi que ce soit dans la position où j’étais; même en demandant un mouchoir, j’étais cocu parce qu’il était évident qu’en me relevant et en sortant la tête du trou, la coulisse s’accrocherait partout.

Je suis resté comme ça quelques minutes encore, en essayant de trouver une solution qui me permettrait de me sauver la face, mais j’ai pas trouvé. Alors quand Karina m’a annoncé que le massage était terminé, je me suis relevé, la coulisse a souillé une grande partie de la serviette et de la table de massage, j’ai de mes doigts coupé à sa base la longue mucosité qui continuait de pendouiller de mon nez, ai lancé ce long cordon dans un coin de la pièce, et je me suis dépêché de sortir de la salle en disant nonchalamment à Karina:

« J’sais ben que c’est dégueulasse, mais de toute façon tu m’intéresses même pas, t’as un gros cul ».

L’honneur était sauf, jusqu’à ce que je me rende compte que j’étais rendu à la réception avec juste mes bobettes vert lime sur le dos.

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