Michou le clown

Semblerait que Marguerite Blais veut financer l’embauche de clowns pour divertir les petits vieux dans les résidences. C’est vraiment une bonne idée! J’ai tellement hâte d’aller vivre dans un foyer pour qu’un clown payé par le gouvernement vienne me faire des grimaces pendant qu’on change ma couche ou qu’on me donne mon mangé mou. Si je pouvais, je serais vieux demain matin!

Question d’encourager cette belle initiative et dans l’espoir que le projet soit maintenu le plus longtemps possible, j’ai décidé de faire ma part et de me déguiser en Michou le clown pour aller visiter des personnes du 3e type. Hier après-midi, j’ai donc acheté un nez de clown, une perruque frisée et de gros souliers orange et rouge avant d’aller faire un tour à la résidence « Le dernier chemin » situé tout au bout de ma rue.

J’adore les vieux. Ils sont tellement sympathiques avec leur bave au coin de la bouche, leur air piteux et leur posture toute croche. Chaque fois que j’en vois un, j’ai une envie irrésistible de lui caresser les cheveux en lui faisant des guili-guili. J’aimerais tellement en avoir un à la maison! Mais je suis certain que Marianne serait pas d’accord. C’est pas pour rien qu’on a jamais eu de chien.

À la résidence, je suis allé à la rencontre d’un petit groupe de vieux dans une grande salle commune. En arrivant à la porte, j’ai pris un instant pour les observer de loin sans me faire voir; ils étaient tous tellement mignons! Après quelques secondes d’observation, je me suis lancé sans hésiter dans mon numéro, en courant très rapidement tout autour de la salle et en chantant comme un fou des choses drôles et loufoques. Je connais pas vraiment de trucs de clowns alors je leur lançais tout simplement de la crème fouettée au visage en riant comme un dingue et en les pointant du doigt. J’ai le clown assez naturel, c’est impressionnant!

Par contre, ça s’est terminé assez abruptement quand deux gardes de sécurité m’ont violemment escorté jusqu’à la sortie de la résidence. Ça a l’air que mon petit numéro dérangeait tout l’monde à l’étage et que de toute façon, j’avais besoin d’une autorisation pour faire le clown dans leur établissement. J’ai eu beau leur crier que tout ça c’était l’idée de madame Blais et que j’étais bénévole par-dessus le marché, ils voulaient rien entendre! Ils préféraient plutôt me traiter comme un criminel parce que je voulais apporter un peu de joie dans la vie de quelques sympathiques petits vieux…

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