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À la découverte des villages du Québec: Coin-du-Banc

Coin-du-Banc est un village pittoresque se situant à l’extrémité de la péninsule de la Gaspésie. Le village fut à l’époque le fief des pêcheurs de morues. Dans les années 20, on y pêchait des tonnes de morues qu’on exportait vers les pays du Moyen-Orient. Je me suis rendu dans le village de Coin-du-Banc pour y faire la découverte d’une faune tout à fait charmante.

Du sable; de l'eau; du frette; Coin-du-banc.

Du sable; de l'eau; du frette; Coin-du-banc.

Au café de la place, j’ai rencontré Émile et Normand, deux anciens pêcheurs gais aujourd’hui à la retraite.

Gervais: Ça ne doit pas être facile de s’afficher en tant que gais dans un petit village où tout le monde doit se connaître?

Émile: Ouain, au début Normand et moi on se cachait. On partait souvent ensemble en bateau pis on faisait ça dans la cabine, incognito. On ne ramenait pas beaucoup de poissons, mais on ramassait quand même assez d’argent pour gagner notre vie. Personne ne s’apercevait de rien; ça fait qu’on pouvait continuer à s’aimer en cachette.

Gervais: Et quand est-ce que les gens du village ont-ils pris connaissance de votre « affaire »?

Émile: Je m’en souviens comme si c’était hier. C’était le 16 août 1986, le jour de la Grande pêche. Ce jour-là, tous les autres bateaux avaient ramené des tonnes et des tonnes de morues alors que nous étions les seuls à n’en avoir ramené aucune. On a eu l’air cave en batinse. C’est ce jour-là que le monde a commencé à « jaser » dans le village.

Agathe, responsable du bénévolat dans la paroisse depuis plus de 30 ans, nous raconte : «Moé, je le savais ben que ces deux-là étaient… ben… vous savez ce que je veux dire? Moé, j’ai pour mon dire que dans la vie, il y a de la place pour tout le monde! En autant que tu restes propre».

Émile et Normand se souviennent des railleries qu’ils ont dû affronter à leur début. «On pouvait pas se promener sur le quai sans que les pêcheurs se déplient le poignet vers le bas en nous criant «Woush Woush!». C’était vraiment insupportable!»

Je leur demande ce qui a fait en sorte que les gens les ont un jour accepté tel qu’ils sont.

«C’est quand Émile a parti son commerce de gaines haut de gamme pour femmes larges» répond Normand. «Sans lui, l’industrie de la morue salée se serait effondrée à Coin-du-Banc. Les femmes ont fait pression sur les hommes en leur disant que sans les gaines d’Émile, ils pouvaient dire adieu au devoir conjugal».

Émile baisse timidement les yeux pendant que Normand lui tient affectueusement la main. Qui aurait pu imaginer que l’avenir économique de tout un village n’aurait tenu qu’à de grossières culottes beiges bien ajustées?

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