Goyette et la célébration de monsieur Richard

J’étais content de retourner à la jobbe hier parce que ça me forçait à prendre un break bien mérité de la boisson. J’ai bu comme un cochon pendant le congé de Noël et le foie voulait me sortir de la bedaine.

Pendant la journée, j’ai reçu un email pour m’inviter à une petite réception qui se tenait dans un local de réunion au quatrième. J’ai pas vraiment pris le temps de regarder de quoi il s’agissait, notant seulement qu’il y allait avoir un vin d’honneur.

Quand je suis arrivé, les ptites madames préparaient les verres et des ptits gâteaux. J’ai demandé si je pouvais avoir un verre de blanc, mais elles ont ri en disant que c’était pour APRÈS le discours de monsieur Richard. Drôles en tabarnak les ptites madames.

Monsieur Richard c’est une vieille relique que je croise parfois quand je vais à la selle. Il doit avoir des problèmes de prostate parce qu’il reste toujours plus longtemps que moi même si c’est pour un pipi. Il respire fort et bruyamment et tousse beaucoup. C’est très irritant, surtout quand on essaie de se concentrer pour faire notre caca.

J’ai pensé que la réception était pour fêter son départ, mais finalement c’était simplement une petite célébration pour fêter le vingtième anniversaire d’une patente dont j’me calisse. Il a parlé et toussé et respiré fort pas mal longtemps. Moi je zieutait les belles bouteilles de vin sur la table.

Quand il a fini par dire qu’il nous remerciait tous d’être venus et qu’il a commencé à mentionner le vin, ça a été mon cue pour aller me chercher un verre. En fait 2 verres, parce que les ptites madames avaient déjà versé ça dans des ptites coupes en plastique, et que mettons qu’elles étaient pas ben ben généreuses. Je leur ai dit que c’était pas une dégustation et qu’elles pouvaient remplir les verres sur le sens du monde, surtout après qu’on ait eu à se taper le discours du vieux saint-chrème. Elles riaient pas mal moins après que j’aie dit ça.

Je suis allé trinquer mon vin un peu plus loin, mais je me suis bien aperçu que si je faisais pas attention, tout le monde allait se servir et qu’il en resterait pu avant que je me tape une deuxième tournée. J’ai bu mes deux verres rapidement et je me suis précipité pour aller m’en rechercher, bousculant au passage le bonhomme Richard, qui a échappé sa coupe de vin sur son col roulé blanc.

« Une chance qu’elles remplissent pas beaucoup les verres, monsieur Richard, ça aurait fait tout un dégât sinon ». Les gens m’ont fait des gros yeux alors j’ai décidé que c’en était assez et je suis parti avec une ou deux bouteilles pour boire ça en paix dans mon cubicule.

J’étais pas mal paqueté quand j’ai décidé de finir ma journée à 2 heures de l’après-midi. Il était pas question que j’appelle Nez-Rouge parce que les gens de la jobbe auraient ben vu que j’étais chaud et je voulais pas passer pour un cave.

Je pouvais pas savoir que j’allais reculer dans une borne-fontaine, paniquer, me sauver à la course pis m’enfarger dans mes lacets de bottes pas attachées pour m’ouvrir la tête sur le coin du trottoir devant le regard ahuri des 7-8 personnes sorties pour fumer, ni qu’elles allaient mémérer ça à tout le monde au bureau. Chus pas devin, criss.

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