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Hiver

Mon corps complètement nu était à la fois attiré et repoussé par la froideur de l’air qui entrait par la porte laissée grande ouverte. J’étais debout, immobile. Le sang dans mes veines transportait le doux alcool et mes tempes vibraient comme des tambours à chaque battement de mon cœur. L’hiver soufflait sur moi sa douceur et sa cruauté. J’étais seul et libre. Imperméable au malheur, infiniment heureux de vivre. La neige folle dansait devant mes yeux comme une invitation divine à valser avec elle. Les cloches d’une église résonnaient au loin…

hiver1Pis c’est pas mal à ce moment là que j’ai remarqué les deux p’tites filles dans le fond de la cour qui me pointaient en riant. C’est vrai qu’un gars tout nu devant sa porte patio ouverte au mois de janvier ça peut sembler cocasse quand j’y pense aujourd’hui. Pis j’étais vraiment très chaud alors j’imagine que je devais me tenir tout croche.

Mais hier après-midi je les trouvais juste idiotes de me gâcher mon beau moment. Alors j’suis sorti dehors les pieds dans neige pour les engueuler: « Aie vous êtes sur mon terrain là! R’tournez chez vous mes p’tites garces! Je l’sais où vous habitez pis j’vas l’dire à vos parents! ».

Sont parties assez vite. J’suis entré dans la maison et j’ai refermé ma porte parce qu’il commençait à faire vraiment frette pis y’avait un peu de poudrerie dans cuisine.

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