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Un handicapé au service des aînés

Le jeune Jean-Christophe est en fauteuil roulant depuis son plus jeune âge, mais cela ne l’empêche pas de vouloir aider les autres plutôt que de se faire aider. Récemment, il s’est offert pour aller chanter des tubes québécois des années 1960 dans les résidences pour personnes âgées sur le territoire de l’ancienne municipalité de Chomedey, à Laval.

Les Bélanger tentent de s'occuper pendant la performance du jeune handicapé

Les Bélanger tentent de s'occuper pendant la performance du jeune handicapé

« J’aime ça aider les gens, j’ai un grand coeur. alors je les sors de la solitude un peu, en leur chantant des chansons de leur temps. Je mets des versions instrumentales sur mon lecteur CD portatif et je chante avec mon micro pis mon préampli. Ça leur fait du bien, ça les désennuie un peu ».

Pourtant, les locataires de la résidence Le plaisir de vivre ne tiennent pas le même discours.

« M’a te l’dire, ma fille: i’est pas ben ben bon. Premierement, côté look, c’t’un gros zéro; i’est gros pis i’a une face d’abruti », révèle Jean-Marie Bélanger, 84 ans. « Pis évidemment, ma fille, il danse pas gyable: en fait il bouge pas pantoute », me confie l’octogénaire.

Sa femme Auréla abonde dans le même sens: « Son répertoire, c’est d’la grosse marde, fille. Du Fernand Gignac pis du Pierre Lalonde, baptême, on est vieux, on est pas mongols ».

Monsieur Daoust est bien découragé

Monsieur Daoust est bien découragé

Gontrand Daoust, un retraité de l’enseignement de 78 ans, a bien essayé de discuter avec le jeune Jean-Christophe, mais sans résultats. « Je lui ai dit que ça pourrait l’aider de se peigner sur le sens du monde et de changer son répertoire, pour mettre des chansons un peu plus à la mode, comme du Fear factory ou du Type O Negative, mais il a pas l’air d’écouter. Je sais pas si il est handicapé mental aussi, parce qu’il m’a dit Oui oui monsieur allez vous rasseoir je vais vous faire une chanson!, pis il a starté Agadou. Agadou! Rendu là calice on serait heureux même avec du vieux Rammstein », déclare Daoust, dépité. « La bonne chose, c’est qu’on peut le rouler dehors quand on est pu capable », philosophe t-il.

La directrice du centre se réjouit quand même de l’expérience.

« Si ça peut lui faire plaisir, je vois pas pourquoi on l’aiderait pas à se sentir un peu plus aimé ou utile. C’est juste dommage qu’il ait pas encore trouvé son véritable talent, parce que chanter, c’est vraiment pas son fort. Pis sa face, mon dieu, sa face; ça transpire la stupidité ça madame. »

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