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La Piñata

J’ai jamais eu beaucoup de succès avec ma belle-famille. Mon beau-père m’arracherait volontiers la tête si Marianne était pas là pour le raisonner un peu. Malgré tout, j’ai toujours beaucoup aimé les grandes réunions familiales. Celles de la famille de ma blonde ne font pas exception.

Je sais pas comment j’ai pu, encore une fois cette année, me retrouver endormi sur le magnifique buffet qu’avait préparé ma charmante belle-mère pour Pâques. Le dernier souvenir que j’ai c’est la voix de mon beau-frère, en ligne derrière moi, qui me dit de faire attention parce que je suis un peu trop penché pour aller chercher les patates pilées dans le grand plat de plastique au bout de la table.

Je me suis réveillé sur le perron de la maison, mon bel habit tout taché de patates pilées aux fines herbes. J’avais un petit mot sur le ventre écrit sur une feuille lignée:

« Salut Michaud. Pas besoin de sonner, on viendra pas répondre. Si je te vois encore la face aujourd’hui, je te promets de sortir mes armes et de te chasser comme un chevreuil. J’ai laissé une corde attachée au grand érable dans la cour; n’hésite pas à t’en servir au besoin »

Le mot était pas signé mais je crois bien que ça venait de mon beau-père. C’est pas mal le seul de la famille qui est amateur de chasse.

J’étais pas certain de comprendre pour son histoire de corde, mais j’ai assumé qu’il voulait que je grimpe dans le grand érable près de la maison pour que je puisse entrer par la lucarne qui donne sur l’ancienne chambre de ma blonde. Sans corde c’était pas possible de monter sur la première branche parce qu’elle était beaucoup trop haute. J’imagine qu’il voulait me mettre au défi pour voir si j’avais un peu de volonté…C’était mal me connaître évidemment, parce que je suis pas mal aventurier dans mon genre.

J’ai donc décidé de faire une tentative. Je suis monté sur une petite chaise de jardin et j’ai étiré ma jambe vers le haut pour mettre mon pied dans le drôle de nœud coulant qu’avait fait mon beau-père. Sauf que je sais pas comment j’ai fait mon compte, mais je me suis immédiatement retrouvé pendu par le pied, à me balancer lentement à trois pieds du sol.

C’est ma belle-mère qui m’a vu en premier par la fenêtre de la cuisine. Ça a pas été ben long pour que toute ma belle-famille sorte dans la cour pour venir admirer ça. Même la tête en bas, j’ai pu en compter au moins 4 ou 5 qui me regardaient en riant et mon beau-père avait un grand sourire dans la face quand il a donné des petits bâtons de baseball en plastique à ses petits-enfants en me pointant du doigt.

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