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Fierté

Marianne voulait absolument que je rencontre Francine, une de ses amies d’enfance qui vient de déménager dans notre coin. J’avais pas vraiment envie d’y aller, mais elle avait déjà accepté l’invitation à souper. On a donc fait garder Amélie et on est allé manger des pâtes au pesto dans leur nouveau bungalow.

Je me suis dit que c’était important de donner une bonne première impression lors d’un souper de présentation. J’ai donc poliment accepté quand Mathieu, le chum de Francine, m’a offert une bière en arrivant; j’ai pas dit non quand il m’a demandé si j’en voulais une autre juste avant le souper; je pouvais pas vraiment refuser le petit vin blanc de Francine même si j’avais déjà une bière derrière mon dos; c’est pas mal contre mes principes de dire non à du vin rouge pendant le repas et je crois pas qu’il soit possible de dire non à un Gin Tonic après un bon Tiramisu et un café Bailey’s.

Bref je sais pas trop à quel moment il y a eu coupure, mais ma petite timidité du début est disparue assez rapidement. Vers 20h30, j’argumentais violemment sur différents scandales financiers dont je n’avais jamais réellement entendu parler et je formulais des opinions bien tranchées sur différents sujets d’actualité malgré que je ne lise rarement plus que les titres des articles de journaux au-dessus de l’épaule de Marianne. Bref, à jeun je ne sais rien de ce qui se passe dans le monde, mais chaud je suis un grand éditorialiste…

J’ai rarement eu autant de verve que ce soir là. Je m’écoutais parler et je me serais sans hésité donné un prix Nobel de l’argumentation. Chacune de mes interventions étaient suivies de longs silences gênés, signes que mes arguments étaient massues, que mes adversaires étaient bouches bées. Même quand je savais plus quoi dire, j’arrivais à enligner les phrases assassines. Quand tu discutes avec un Michaud en forme, t’es aussi bien de te lever de bonne heure pour le peinturer dans le coin. Je suis quelqu’un de pas mal inspiré.

Vers la fin de la soirée, j’allais moi-même chercher des bières et du vin de cuisson dans le frigo en stainless et je revenais triomphant en criant des phrases cool pour faire sursauter Francine. J’étais le centre d’attraction, j’animais la soirée, je mettais de la vie. J’ai même nettoyé deux fois le plancher de la cuisine et trois fois celui de la salle de bain après avoir abondamment vomi dessus; y’avait rien pour m’arrêter. Je crois même que je serais allé jusqu’à réparer la table en acajou sur laquelle je suis tombé si je n’avais pas subitement ressenti une petite fatigue de fin de journée.

Tout ça pour dire que j’ai passé une très agréable soirée. Aucune idée de ce qu’ils font dans la vie ces gens là, mais ils sont vraiment sympathiques. Ils savent définitivement recevoir. Je retournerais souper chez eux demain matin si Francine avait pas demandé à Marianne de ne plus jamais remettre les pieds chez elle…

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