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Le groupe de lecture

L’autre jour, pendant que j’attendais que la SAQ ouvre, j’ai regardé les petites annonces accrochées à l’entrée du mail. Il y avait surtout des annonces pour des vieux 486 à 400$ (Payé plus de 1500$! Une aubaine!), mais j’en ai vu une qui a tout de suite piqué ma curiosité:

Club de lecture recherche nouveau membre, de préférence avec carrière dans le monde de la littérature; soupers arrosés et discussions enflammées tous les mardis.

J’ai appelé au numéro qu’il y avait au bas de l’annonce et j’ai dit que, justement, j’écrivais pour vivre; je pouvais pas réellement dire que je passe le gros de mon temps à me mettre chaud. La madame à l’autre bout du fil parlait avec un drôle d’accent français et on pouvait deviner qu’elle avait une ptite bouche pincée. Elle m’a dit qu’ils avaient une place dans leur groupe de lecture le soir même, et que je pourrais alors me présenter et voir comment ça se passait, et que, si ça convenait à tout le monde, je pourrais devenir un régulier. J’écoutais pas vraiment mais à un moment donné, elle a dit que le vin était fourni et là je suis devenu vraiment intéressé, parce qu’après tout, c’était pas mal pour ça que j’appelais. Elle m’a dit que j’aurais simplement à parler du dernier livre que j’avais lu, et que je discuterais ensuite avec les autres du livre que eux avaient tous lu pendant la semaine, un livre dont je me souviens pu du titre, mais écrit par quelqu’un avec un nom de salami hongrois. Elle m’a aussi spécifié que je devais m’habiller propre.

Et hop! Le soir même, j’ai enfilé mon chandail à col roulé blanc des grandes occasions et je me suis dirigé à l’adresse qu’elle m’avait donnée. Vous auriez dû voir la baraque les amis: une grosse piaule de riche dans Cap-Rouge.

Un genre de majordome comme Nestor dans Tintin m’a accueilli à la porte. Il y avait 7-8 personnes autour d’une grande table qui m’ont salué à mon arrivée. Les gens discutaient et moi je faisais des han-han mais pas plus, parce que je comprenais pas exactement ce qu’ils disaient, avec leurs mots de riches. Ils ont servi du vin et des hors-d’œuvres avec des crevettes. J’ai une petite intolérance aux crustacés mais comme je voulais pas paraître cheap, j’en ai pris quelques uns. J’ai aussi pris quelques coupes de vin, assez pour que je commence à déparler et marcher légèrement croche. Je suis nerveux avec les gens que je connais pas et dans ce temps-là je bois plus vite pour me donner de l’assurance et perdre mes inhibitions. Des fois je les perds un peu trop, comme la fois où j’ai fini à pouelle dans le spa des Gauthier, mais ça c’est une autre histoire.

Je dois bien en avoir mangé une vingtaine de grosses crevettes parce que moi l’alcool ça me donne faim. Sauf que les crevettes c’est pas très bon pour mon estomac.

Ils m’ont présenté comme étant Goyette, un écrivain dans le monde des nouvelles technologies, et j’ai présenté le dernier livre que j’avais lu, Le Manoir de l’enfer, un Livre dont vous êtes le héros que j’avais lu en secondaire 5. Je me rappelais pas exactement de l’histoire, surtout qu’elle change quand tu triches, mais j’ai dit que c’était un livre de peur. Je dois avoir été convaincant, parce que personne a parlé après et personne m’a posé de questions et ils ont enchaîné en parlant de leur livre.

Le dernier livre que j'ai lu.

Le dernier livre que j'ai lu.

Après des heures à les écouter en buvant mon vin en faisant des han-han, les crevettes ont commencé à faire effet. Je me suis excusé pour aller à la salle de bains pendant qu’ils continuaient de parler de choses plates.

Je suis arrivé juste à temps et j’ai fait une bonne selle qui au début était dure, puis molle, puis franchement liquide avec quelques rares filaments. Ça m’a pris la moitié du rouleau avant d’avoir un papier pas trop brun qui me signifiait que j’étais relativement propre.

Une petite flush et on retourne au vino.

C’est là que la bolle a refusé de collaborer. Le niveau d’eau a monté, emmenant avec lui la motte de papier et le caca dans une bouillie répugnante. C’est dans ces cas-là qu’on s’aperçoit que nos réflexes sont pas super quand on boit trop. Je regardais ça monter et j’avais vraiment aucune idée quoi faire. J’avais le fixe sur un chunk de maïs ou une pelure de piment rouge, et je bavais tranquillement sur mon chandail à col roulé.

Ça a pas été long que j’avais les deux pieds dedans et mes bas sont vite devenus saturés. C’est à ce moment-là que j’ai repris mes sens, mais malheureusement, en voulant aller chercher le siphon en arrière de la bolle, j’ai glissé sur du mou et me suis pété la tête sur le porte-savon, tout en arrachant le rideau de douche.

J’ai siphonné comme j’ai pu pour déboucher le tout mais ça m’éclaboussait dans le visage alors j’ai tout abandonné et suis retourné à table comme si de rien était.

Je croyais bien m’en être tiré mais en retournant à table les gens me regardaient avec horreur et le majordome s’est planté à côté de moi en faisant des he-hum. Faut dire que les éclaboussures étaient assez apparentes sur mon col roulé blanc et le bas de mes pantalons, et qu’il y a des limites à ce que la crème hydratante peut camoufler comme odeur.

« Oh je voulais vous dire, je sais pas qui est allé aux toilettes avant moi mais c’est une véritable inondation là-bas », que j’ai dit en prenant un petit air pincé.

Ça a semblé convaincre personne alors j’ai fini mon verre en vitesse avant qu’ils appellent la police. Finalement les groupes de lecture c’est pas pour moi. C’est comme des lunchs de fifs.

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