Une odeur de paradis perdu

L’Eucharesse de Saint-ciboère à deux étages. Y’a mis le feu à sa cuisine en se faisant des patates frites pis là c’est moué qui est pogné avec lui dans’ maison. Le gros calisti de Saint-sicrisse.

Ah, je le woué, i’ s’en va dans le garage au 20 menutes pour aller se paqueter. Je l’woué moué. Chus vieux mais chus pas cave. Pis j’la sens sa boisson. Oh oui j’la sens. J’la sens sur ses mains pis dans sa yeule pis partout su’ lui quand il rentre. La ptite senteur fruitée. J’connais ça moué la boisson. À matin c’tait une bouteille d’Entre-Côte. Tantôt c’tait une grosse Bleue Dry. Hier souére c’tait du cognac.

Du cognac… Quand j’tais plus jeune, n’en ai pris moué de la boisson. N’en ai pris en cibognac. I devrait sawouére que ça nous fait pas la boisson à nous, les Goyette. Les mornifles qu’y a mangé en arrière d’la tête quand j’étais gris, m’en souviens moué. Bon, m’en souviens pas tant que ça mais les travailleurs sociaux m’en ont parlé souvent. Ah certain.

J’ai arrêté de bouére quand l’docteur Guillemette m’a dit qu’j’allais mourir pis pu rewouére ma famille si je continuais. Là j’ai arrêté de bouére. Pas eu le choix parce qu’i m’avait attaché au calorifère pis appelé la police le maudit pourri.

Avec le temps, le goût a passé. Là ça fait 20 ans qu’j’ai pas pris une goutte moué. 20 ans. Pas une cristi de goutte.

Pas d’London Dry Gin premium avec un dash de tonic pis une limette.

Pas d’Ricard mélangé avec de l’eau ou du Kik cola.

Pas d’vodka avec du bouillon de bœuf froid.

Même pas un ptit criss de grog allemand. Zéro.

PU L’GOÛT PANTOUTE J’VOUS DIS. ÊTES VOUS SOURDS OU IMBÉCILES?

Le v’la qui rentre. Ça sent l’amaretto.

Gros criss.

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