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Goyette et le mini-bar

J'ai été accueilli comme un roi

J’ai été accueilli comme un roi

Ça fait un certain boutte que j’ai perdu ma dernière jobbe, alors j’étais pas mal content quand le gars au téléphone m’a dit qu’ils voulaient me rencontrer pour un poste de directeur dans leur boîte de communications fancy de Montréal.

Goyette, directeur d’une boîte de communications, vous dites, sur un ton dubitatif?

FUCK YOU. J’pourrais très bien être directeur d’une boîte de comm.

Bon, j’aurais peut-être dû leur dire que j’étais pas le « R Goyette » qu’ils cherchaient à rejoindre, celui avec la belle maîtrise pis qui a déjà une belle jobbe de directeur ou d’adjoint dans une autre boîte de communications. Mais voyez-vous, quand ils ont dit qu’ils me payaient le transport pis la chambre d’hôtel pour l’entrevue, j’ai pas osé les contredire. Ça fait des mois que j’m’emmerde tout seul chez nous, pis, qui sait, je me suis dit que je pourrais peut-être les convaincre en entrevue que je peux faire la jobbe, même s’il y a erreur sur la personne.

Tout ça pour dire que j’ai pris le train un beau mardi après-midi pour me rendre à Montréal. Je me suis ramassé dans un bel hôtel du centre-ville qu’ils avaient réservé pour moi, pour me permettre de bien me reposer avant notre entretien du lendemain.

Heille, la belle chambre, vous autres. Des belles serviettes douces. Du shampoing en tites-bouteilles pas mal plus hot que mon Fructis. Mais vous devinerez jamais la belle surprise qu’ils m’avaient faite.

Sur le bureau, des 10 onces de gin, de whisky, de cognac, pis une belle bouteille de rouge. Dans le fridge, de la bière, des mini-bouteilles de Bailey’s, d’Amarula, de vodka au citron, du vin blanc, pis plein d’autres affaires. Estie, ils me connaissent eux autres. J’étais pu sûr qu’ils se trompaient de Goyette.

Évidemment, fallait pas que je dérape. J’avais quand même une entrevue importante le lendemain à 8 heures. Je me suis dit que j’allais prendre une ptite rasée de whisky, aller souper, me coucher de bonne heure, me lever en forme, me faire une belle coupe sur le côté pis leur en mettre plein la vue.

Ça a pas tourné comme ça. J’ai jamais soupé, j’ai fini tout ce qu’il y avait d’alcool dans la chambre, pis quand chus descendu à la réception pour demander si c’était possible d’avoir un refill, la jeune fille a eu l’air ben surprise pis m’a appris que c’était pas gratis. « Vous avez pas vu la carte avec les prix du mini-bar sur votre table de chevet? », qu’elle m’a demandé. Salope. Maudite salope.

Je suis arrivé à 11 heures à mon entrevue. J’avais mes shorts pis un t-shirt de Budweiser gris qu’on m’a donné à l’achat d’une 12 au dépanneur l’été dernier. Mon beau linge propre était pas mettable, parce que j’ai renvoyé dans ma valise à 5 heures du matin.

Ça leur a pris un gros 10 secondes avant qu’ils réalisent que j’étais pas le bon R Goyette, et j’ai jamais eu le temps de leur annoncer que les crosseurs à l’hôtel avaient chargé 6000 piasses sur leur carte de crédit pour de la boisson pis des téléphones dans des lignes érotiques.

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