Votre texte sur M.O. Soumettez une idée ou texte original sans faire un sou. Plus.

Le lutin de Noël

Je me faisais couler un bain quand j’ai réalisé qu’il me restait pu de tonic pour la soirée. J’ai mis mon parka et mes bottes pour aller en acheter à l’épicerie du coin. Comme il y en avait pas en spécial, et qu’ils demandaient quasiment 6 piasses pour 12 canisses, j’ai décidé qu’ils pouvaient ben manger de la marde, et j’ai continué mon chemin vers le gros Métro, sur le boulevard. Au moins, eux, ils ont la marque maison bâtarde, si le Canada Dry est pas en spécial.

En tout et partout, je dois ben être parti une bonne heure, et à mon retour, le caliss de bain avait débordé de partout. Non seulement il y avait un méchant dégât dans la bécosse, mais ça avait traversé le plancher pour cochonner mon beau plafond suspendu dans la cave, et évidemment la chambre d’en-dessous.

Un fatiquant de lutin

Un fatiquant de lutin

Je me suis dit que de l’eau, c’est juste de l’eau, et que ça finirait ben par sécher éventuellement, surtout si je montais le chauffage dans le piton. Ça me semblait être logique, et beaucoup plus simple que de sortir moppe et guenilles. Surtout que mon tonic me faisait de l’œil.

Pendant quelques jours j’ai évité la bécosse et la chambre d’en-bas en attendant que ça sèche, mais là ça commençait à sentir le méchant tabarnak partout dans la maison.

Tout ça pour dire que selon des « experts », ma maison est inhabitable dans le moment. « Insalubre », qu’ils disent. Comme s’ils m’apprenaient quelque chose. Ça fait un bon 10 ans que tous mes invités disent la même chose.

Anyway j’ai pas eu ben le choix d’appeler Michaud pour lui demander si je pouvais pas crasher chez lui pour une cupple de jours.

Ça a pas été facile, mais sa chipie d’épouse a fini par accepter de me laisser coucher sur le tapis du salon, en autant que j’apporte pas de boisson. Pas d’danger, il m’en restait pu à la maison, pis au prix que charge Qualinet, c’est pas comme si j’avais pu me payer une réserve de boisson forte avant d’emménager chez Michaud.

Au premier souper, la chipie arrêtait pas de parler d’un lutin qui prenait vie et leur jouait des tours pendant la nuit. Le lutin en profitait pour dérouler du papier de toilette, sortir des biscuits du garde-manger, ou écrire des phrases bizarres avec les aimants sur le fridge. Pendant tout le temps que la chipie racontait ça à sa jeune mongole (qui s’adonne à être ma filleule), Michaud me faisait des clins d’œil pis des gros sourires. Je sais pas trop ce qu’il voulait dire par là, mais j’en ai déduit qu’il me demandait subrepticement de l’aider avec leur problème.

La chipie a fini par aller coucher la ptite en lui disant qu’elle espérait que le lutin de Noël ferait pas encore des niaiseries pendant la nuit.

Chus pas un cave. Je crois pas aux lutins, mais quand des gens près de moi s’inquiètent de phénomènes paranormaux dans leur maison, j’ouvre mon esprit, pis je me dis que peut-être, sait-on jamais, peuvent exister esprits frappeurs ou lutins. Criss, on l’sait pas. Ça fait que quand je suis allé me coucher sur le tapis du salon, j’ai gardé un oeil ouvert. Surtout qu’on avait juste pris une bouteille de vin à la gang, pis que j’écoutais pour voir quand ils allaient dormir pour pouvoir aller piger dans le bar. Mais aussi pour un possible lutin.

Après 20 menutes à stresser, j’ai fini par me lever pour aller voir s’il restait pas un fond de bourbon dans l’armoire de la cuisine. Juste au moment où j’ouvrais la porte d’armoire, j’ai entendu un bruit venant des marches et j’ai figé. Criss, les lutins, ça existe.

J’ai même pas pris le temps de checker s’il y avait un restant de bouteille dans l’armoire pis j’ai pris le balai à la place. J’avais de la misère à voir parce que mes yeux étaient pas habitués au noir de fond de cul d’ours qu’il fait la nuit chez Michaud. J’ai senti des pas s’approcher, et j’ai fait ni une ni deux. PANG TABARNAK. Un swing de Bonny Bonilla au gros tabarnak de lutin de 5 pieds 4 qui s’avançait vers moi. Pis quin, un autre: PANG TABARNAK.

Le gros lutin est tombé à terre, pis j’ai entendu un deuxième CLAC presque simultanément. Dans la lumière de la lune qui passait à travers la fenêtre de la cuisine, j’ai vu un autre lutin à terre, celui-là mesurait max un pied. Je lui ai calissé un coup de talon direct dans face, fendant sa face de plastique en plein milieu, l’ai soulevé sans peine du sol, et lui ai arraché les deux bras. Je l’ai pitché sur le mur de la cuisine, et j’ai tout de suite su qu’il bougerait plus jamais. Quant au lutin de 5 pieds 4, c’était la chipie.

Au haut des escaliers, j’ai entendu la ptite partir à brailler: « Mamaaaan! Papin le lutin! ».

J’ai cru voir que la maman avait une méchante poque dans le front, mais je me suis pas attardé. Chus parti avec un restant de Chemineaud, pis j’ai couché dans le driveway.

Pis personne m’a jamais remercié pour le lutin.

Commentaires

commentaire(s)

Ajouter un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *